Le SubSedge fait bel et bien partie de la catégorie de mouche artificielle que l’on pourrait qualifier d’atypique !
En effet, alors que les truites et ombres font très régulièrement ripaille de Sedges morts dérivant juste sous la surface entre juin et septembre, aucune artificielle adaptée n’existe dans le commerce à ma connaissance et personne n’en parle lorsqu’il est question de pêche à la mouche.
La conséquence logique de cette absence sur l’étal de nos commerçants halieutiques et de ce manque d’information engendre l’ignorance de nombre de moucheurs sur le sujet et, inévitablement, personne n’y songe le moment venu !
S’il est bien une mouche dont je ne pourrais me passer, ce serait bien un Sedge. Cette artificielle indispensable dans la boîte de tout moucheur qui se respecte est maintenant utilisée avec succès par tous puisque c’est indubitablement l’imitation d’une famille d’insecte aquatique la plus présente sur toutes les rivières d’Europe et de surcroît l’une des plus efficace. Cependant, même si le Sedge est la mouche idéale pour pêcher l’eau, il arrive parfois que nos imitations soient refusées, même en présence d’éclosions abondantes de Trichoptères et d’une activité particulièrement visible de nos chers salmonidés.
Des Sedges morts
Le réflexe maintenant bien classique à ce genre de situation est logiquement de ce dire que les truites prennent sous la surface. En conséquence il vient immédiatement à l’esprit de monter une émergente, en l’occurrence un « pupae » imitant naturellement la larve de la Phrygane.
Mais voilà, ça ne fonctionne pas aussi bien que prévu et encore … quand ça fonctionne !
Le schéma classique est de se remettre en question un instant puis de commencer à changer de mouche, tout d’abords dans des tonalités différentes, puis dans des tailles variées jusqu’à finir par passer une bonne douzaine d’artificielles plus ou moins proches des insectes supposés alimenter nos chères truites alors que ces poissons retords continus à vous narguer par de magnifiques gobages.
Dans ce cas là, il y a fort à parier qu’elle ne prennent pas d’insectes émergeants mais tout simplement des Sedges morts qui dérivent juste dans la pellicule de surface, à quelques millimètres sous l’eau. Ainsi, pour faire face à ce phénomène et pouvoir tirer son épingle du jeu, il n’y a pas d’autre solution que d’avoir une mouche qui puisse imiter au mieux ce stade de la vie d’un Trichoptère … ou devrais-je plutôt écrire de la mort de cet insecte.
Le SubSedge
La première fois que j’ai entendu parler de cette mouche que je pourrais qualifier de « sauve bredouille », c’était il y a presque vingt ans par le très regretté Victor Borlandelli, qui le tenait lui-même de Milan Stéphanac, guide de pêche sur la non moindre célèbre Gacka Yougoslave.
Son exceptionnel sens de l’eau, ses qualités de pêcheur à la mouche et la simplicité dont il faisait preuve dans le choix et la confection de ses artificielles l’avaient conduit à créer un modèle original pour imiter les Sedges morts qui dérivaient sur sa rivière. Fort du succès qu’il avait rencontré en utilisant cette mouche qu’il avait baptisé « SubSedge », il en avait réalisé plusieurs exemplaires qu’il conseillait bien évidemment à ses clients en leur en donnant souvent un exemplaire. C’est comme cela qu’elle arriva en France entre les mains de Victor et de son complice Jean-Michel Radix qui ne mirent pas très longtemps avant de s’apercevoir des possibilités nouvelles qu’offrait cette artificielle très prenante sur les truites et ombres de leur belle région Comtoise.
Une mouche simple et épurée
Ceux qui me connaissent, savent que je n’ai jamais été un fervent partisan des mouches exactes au montage souvent long et complexe. C’est pourquoi, j’utilise une mouche totalement épurée et mise au point par Jean-Michel Radix sur la base du SubSedge inventé par Stéphanac. Cette imitation, peu connue et par conséquent peu utilisée, est plutôt simple à monter. Le choix de l’hameçon est important et il est préférable d’en choisir un de bonne marque à hampe longue (type TMC 5210).
- Le montage commence par le lestage à l’aide de fil de cuivre de la partie inférieure de la hampe sur son dernier tiers, juste avant la courbure de l’hameçon.
- On enroule ensuite un hackle de coq derrière l’œillet, dont ont veille à ce que la longueur des barbes soit sensiblement égale à la longueur de la hampe.
- Il faut ensuite coucher le hackle le long de la hampe de l’hameçon et pousser très légèrement vers l’avant pour faire gonfler la tête de la mouche.
- Elle est maintenue dans cette position en réalisant le corps en dubbing très fin de couleur jaune paille (ou en raphia naturel) qui recouvre le hackle couché de la courbure jusqu’au ¾ de la hampe.
- On fixe alors juste derrière la tête deux plumes de flancs de canne ou de sarcelle orientées vers l’œillet que l’on rabat vers l’arrière.
- Le tout est solidement bloqué par quelques tours de fil de montage.
- Après avoir réalisé le nœud final, on le vernit et on ajuste au ciseau si cela est nécessaire la taille des ailes.
L’idéal est de posséder des modèles de SubSedge montés sur hameçon de 12, 10 et 8, lesquels seront déclinés pour chaque taille en deux lestages différents. La tonalité générale de la mouche n’a pas une très grande importance dans la mesure où elle reste dans les teintes brunes, plus ou moins foncées.
Comme en sèche !
Le SubSedge s’utilise dès le début du printemps jusqu’à la fin de la saison en septembre. Que se soit dans la journée, au coup du soir ou pour « taper » l’eau, c’est une mouche qui se révèle particulièrement efficace et prenante. La technique de pêche est en tous points comparable à la pêche en sèche avec la particularité qu’il convient de lancer un peu plus en amont pour lui laisser le temps de s’immerger sous la pellicule de la surface. Le gobage est généralement discret et pas toujours facile à percevoir lorsque l’eau est rapide mais il est assez proche de se que l’on peut avoir lorsque l’on pêche en sèche ou en émergente.
Il arrive aussi régulièrement que l’on sente uniquement une tirée dans la ligne sans pour autant se rendre compte visuellement qu’un poisson a pris. Dans ce cas, inutile de ferrer, il vous suffira simplement de tendre la ligne pour assurer la prise et éviter ainsi le désagrément d’une casse pratiquement inévitable si vous utilisez un fil fin, ce qui est à mon sens une nécessité pour conserver une dérive naturelle de l’imitation.
Le SubSedge n’est évidemment pas une mouche miracle qui sera capable de vous faire prendre du poisson lorsque rien ne marche, mais elle reste cependant une excellente artificielle qui se révèle être efficace bien plus souvent que vous ne pourriez l’imaginer. Je lui dois ainsi de nombreuses prises dans des conditions difficiles, que se soit sur la Seine, le Haut Allier ou le doubs … dont les truites n’y ont pas la réputation d’y être particulièrement coopératives.
2 commentaires
michel marroni · 15 avril 2021 à 2:20
merci boucoup j’ai bien appris en vous lisant
Nicolas · 15 avril 2021 à 3:39
Super le site est fait pour ça. la pêche à la mouche est tellement belle mais complexe.
N’hésiter pas à poser des question si vous ne trouver pas de réponse sur notre site.