Montages de mouches pour débutant : Les conseils et pièges à éviter

Montages de mouches pour débutant : quelques conseils pour bien démarrer et quelques pièges à éviter.

Aujourd’hui, je vous fait l’honneur de recevoir un monteur de mouche professionnel, qui va vous offrir plusieurs conseils en or. Pour vous améliorer dans vos montages de mouches grâce à de précieux conseils. J’en dis pas plus, je laisse la parole à notre notre invité du jour


Avant toutes choses, laissez moi me présenter, je me prénomme Jérôme, je suis artisan monteur de mouches de pêche, gérant de la boutique en ligne « De l’Etau à la Rivière ».

Pêcheur depuis mon plus jeune âge, par tradition familiale, j’ai suivi tout jeune mon père sur les sentiers avec différentes techniques, puis j’ai abordé la pêche à la mouche juste avant l’adolescence.

Ça a été pour moi la révélation d’attraper les truites avec un appât confectionné de mes mains…et depuis c’est la seule technique que je pratique !

Pourquoi commencer le montage de mouche ?

Mais, parlons montage, puisque c’est le sujet du jour ! J’ai commencé tout de suite le montage, enchainant les créations, mélanges, tests et autres modèles qui ne sortent, disons-le clairement jamais des boites tant elles sont farfelues, inappropriées, « mal montées », ou tout simplement appartenant à la catégorie de la mouche qui est « pas mal » mais qui ne remplacera jamais « la favorite » !

Puis avec les mois, les années et la dextérité, la qualité des montages augmentent…Aujourd’hui et depuis plusieurs années je monte les mouches par séries, pour des pêcheurs de tous horizons (du pêcheur amateur, aux compétiteurs en passant par les guides), j’interviens aussi dans des clubs pour des animations de montage, essayant ainsi de faire sauter quelques étapes inutiles que j’ai vécu, aux personnes avec qui j’interagis !

Puis avec les mois, les années et la dextérité, la qualité des montages augmentent…

Jérôme VALLEZ

Mais ce dont je vous parle, même si je ne suis pas très âgé, se passait à une époque ou internet n’existait pas, l’apprentissage venait uniquement d’un club, d’une connaissance ou d’ouvrages papier… Actuellement, avec l’émergence des sources d’informations, il me semble que l’apprentissage du montage de mouche relève, contrairement à ce que l’on pourrait croire, parfois du parcours du combattant !

A la demande de Nicolas, je vous livre ici, en toute modestie, quelques conseils pour vous aider à bien démarrer. Comme à mon habitude, ces points sont tirés de mon expérience personnelle, et pourront bien sûr n’être pas valable à l’ensemble des cas et des situations bien sur….

6 astuces pour devenir meilleur dans vos montages de mouches

1- Ne pas s’éparpiller

En débutant la pêche à la mouche, et encore plus le montage de mouche, on veut monter, monter, monter ! Et c’est normal, surtout devant la multitude de sources disponibles sur le net et les réseaux sociaux.

Et cette phase, qui peut durer des années, voir toute une vie de pêcheur, peut conduire à sans cesse remplir ses boites d’imitations diverses, inutiles, parfois en un nombre insuffisant….

Il va falloir assez rapidement réussir à faire le tri entre l’utile et le moins utile !

Cela s’applique au nombre de mouches… mais aussi à tous les matériaux disponibles sur le marché, les outils de montages etc…

1er conseil : Ne pas s’éparpiller ! ce qui m’amène vers la suite …

2- Se rapprocher d’un professionnel et/ou d’un club

Faire appel à un professionnel ou un club vous permettra de poser les premières bases :

  • Faire la différence entre les grandes familles d’insecte

Mon conseil : il n’apparait pas utile de savoir reconnaitre une sous-famille d’une espèce, mais reconnaitre les grandes familles (éphémères/trichoptères/plécoptères…)

  • Faire la différence entre les stades de développement des insectes

Mon conseil : Savoir reconnaitre les différent stades (vie « aquatique » = nymphe ou larve, émergence, vie « aérienne » imago/subimago = sèche), ce point selon moi, est lié avec le point N°4 (sélectionner les matériaux, mais surtout apprendre quels matériaux peut représenter quoi !)

  • Sélectionner les modèles à prévoir pour se monter une boite à mouche « optimisée »

Mon conseil : privilégier le jeu sur les matériaux, les couleurs et les tailles plutôt que de monter plein de mouches différentes !

  • Apprendre les bases de montage et maîtriser le vocabulaire de la pratique !

Mon conseil : souvent notamment sur les réseaux, on montre comment monter une mouche mais les base sont parfois non détaillées… il faudra ne pas sauter les actes de bases telles que la fixation de plumes, la réalisation des boucles à dubbing, les nœuds….

3- Sélectionner ses outils

La multiplication des offres internet nous montre l’inventivité et l’ingéniosité de personnes, professionnels ou non, qui vendent ou proposent par partage des outils divers et variés.

Mon conseil : personnellement, je ne me sers pas de bcp d’outils, la meilleure pince vous l’avez entre le pouce et l’index ! Privilégiez les outils de bonne facture à leur multiplication !

Pour commencer :

  • 2/3 porte bobines pour ne pas changer trop souvent de bobine
  • Deux paires de ciseaux, une pour les gros matériaux et une de précision, privilégier les ciseaux avec de grandes anses afin de les manipuler facilement !
  • Des aiguilles pour les vernis, colles et dubbing
  • Un twister à dubbing
  • Deux outils à nœud, un « whip finish » et un outil à demi clés.

4- Sélectionner ses matériaux

Une fois de plus, la multiplication des offres peut faire tourner la tête aux débutants !

Des matériaux parfois similaires mais qui peuvent s’avérer différents par leur composition…

La difficulté selon moi est double dans ce cas lorsque l’on débute, choisir ses matériaux en termes de qualité mais aussi en fonction de leurs caractéristiques de flottaison (ou non !), de densité, de brillance….

Mes conseils :

  • Sélectionner des matériaux pouvant servir à plusieurs mouches ou types de mouches, ou ayant plusieurs applications différentes !
  • Privilégiez par exemple la peau de lièvre qui permet d’utiliser le poil mais aussi de réaliser votre dubbing de différentes couleurs…
  • Utiliser en priorité des couleurs naturelles, les matériaux synthétiques et flashy ne constituent que de petites parties des imitations !
  • Monter fin ! prenez l’habitude de travailler tôt avec des fils de montage fin qui permettent une meilleure précision, plus de finesse et un meilleur serrage des matériaux. Faites des mèches de dubbing fines (mieux vaut faire plus de tours fins que de gros tours chargés !)

5- Travailler en série

Bienvenue dans la vie d’un monteur professionnel !

Nous le savons tous le travail en série à ses avantages…. et le sujet n’est pas loin, pour un débutant aussi, car en « jonglant » entre les modèles , les diverses techniques seront plus difficiles à maîtriser !

Mon conseil :

Après avoir défini vos modèles, travaillez les uns par un, et quand vous vous mettez à l’étau montez plusieurs fois de suite la même mouche. Ainsi vous verrez vos mouches s’améliorer au fur et à mesure !

6- Ne pas vouloir commencer trop petit :

Monter petit est un avantage, surtout pour attaquer des poissons retords ou méfiants entre autres…

Mais c’est un art qu’il faut aborder progressivement car un défaut récurent des débutants est de mettre trop de matière sur les mouches…le phénomène est d’autant plus problématique sur des imitations de petite taille !

Voilà, j’espère vous avoir un peu guidé dans les méandres du débutant dans le montage de mouches avec ces quelques conseils.

N’oubliez pas que cela doit rester un plaisir, donc n’hésitez pas à y ajouter votre touche personnelle !

« Je commençais alors à souffrir de vidophobie – terreur irrationnelle engendrée par les poches vides des gilets » John Gierach – Traité du zen et de l’art de la pêche à la mouche.

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